Chronique du 14 avril 2017 — Diocèse de Blois

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Chronique du 14 avril 2017

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UNE FEMME POLITIQUE

À quelques jours des élections, il n’est pas indiqué de parler politique ; mais il n’est pas interdit de parler d’hommes ou de femmes de gouvernement, surtout s’ils sont d’un autre pays que le nôtre.

Je viens d’achever la lecture d’une biographie d’Angela Merkel. Indépendamment des choix politiques qui sont les siens, j’ai trouvé intéressant de noter au passage ce qui a construit son humanité, bien avant qu’elle ne devienne « le seul homme politique d’Europe » comme on dit d’elle plaisamment.

On sait qu’Angela Merkel, née en 1954, est la fille d’un pasteur luthérien. Ce qu’on sait moins, c’est que ses parents avaient librement choisi d’aller habiter l’Allemagne de l’Est en train de basculer dans le bloc soviétique, au moment où, par centaines de milliers, leurs compatriotes s’expatriaient dans l’autre sens pour fuir le régime communiste. La raison de ce choix ? Le pasteur Kasner, père d’Angela, considérait simplement que la République démocratique allemande était une terre de mission et qu’il fallait aller « là où on était utile ». Il y alla donc, au risque d’y vivre dans des conditions très difficiles et d’y être automatiquement considéré comme un ennemi du régime.

Deuxième détail intéressant : À cette époque, les autorités communistes se défaussaient volontiers sur les chrétiens du soin des personnes considérées comme inutiles à l’édification du socialisme. C’est ainsi que le pasteur Kasner se retrouva à la tête du Waldhof, une institution qui était à la fois un lieu de formation pour les futurs pasteurs et une maison d’accueil pour les handicapés mentaux. La jeune Angela grandit donc au contact de personnes handicapées, de sorte que certains camarades de classe refusaient de venir jouer chez elle parce qu’elle habitait « chez les fous » comme ils disaient.

Ce double contact, au sein d’une famille unie, avec des conditions de vie difficiles où l’on devenait rapidement suspect, et des personnes fragiles dont on apprenait tout jeune à respecter la dignité, a donné une femme dont on peut contester les choix politiques, mais qui sait une fois pour toutes que la politique n’est pas faite pour instaurer le paradis sur terre, et que l’égalité n’est qu’un vain mot quand elle n’est pas portée par la fraternité. Des leçons qu’on n’apprend guère dans les grandes écoles et les petits cénacles d’où sortent les gros bataillons du personnel politique. Par un biais ou par un autre, souhaitons que ces leçons continuent à être dispensées à ceux qui briguent des responsabilités dans la notre société.