Chronique du 5 mai 2017 — Diocèse de Blois

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Chronique du 5 mai 2017

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Réflexions d'entre-deux tours

Ce sera ce dimanche le second tour des élections présidentielles. Dans la fièvre de l’entre-deux tours, on a vu certains renouer de manière étonnante avec le plus pur cléricalisme, et sommer les évêques, le revolver sur la tempe, d’appeler à voter pour qui vous savez afin de barrer la route à qui vous savez.

Je trouve cette mise en demeure proprement inadmissible. On peut (et c’est mon cas) être intimement persuadé que le vote pour l’une est détestable, sans se sentir obligé pour autant d’appeler à voter pour l’autre – et surtout pas en tant que catholique. Oublierait-on que mettre un bulletin dans l’urne, ce n’est pas voter contre le candidat dont on ne veut pas, mais que c’est voter pour le candidat dont le nom figure sur le bulletin ? Oublierait-t-on aussi que notre pays est une démocratie, et qu’aucun élu ne peut abolir la démocratie d’un simple trait de plume ? Regardons ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique : l’arrivée au pouvoir d’un populiste met en lumière trois mois plus tard, et l’inconstance du populisme – expert en slogans mais nul en gouvernement – et l’efficacité des garde-fous institutionnels qui protègent le système démocratique. Nous ne sommes pas dans l’Allemagne de janvier 1933, mais dans la démocratie française de 2017.

Voter blanc pour faire en sorte qu’un élu soit mal élu – car élu, il le sera, n’en doutons pas une seconde – cela n’est-il pas aussi une attitude politique ? Refuser, en dépit des dénaturations successives de notre constitution, l’illusion selon laquelle tout se jouerait à la présidentielle et miser sur les législatives pour qu’elles jouent leur rôle de correctif, cela n’est-il pas agir en citoyen responsable ? Et si l’on est pasteur, renvoyer les fidèles à leur liberté après avoir éclairé leur conscience, n’est-ce pas continuer à agir en pasteur ?

La paresse intellectuelle de notre époque la pousse à n’accorder d’importance qu’aux paroles circonstancielles. Pourtant, de même que le peuple mérite mieux que le populisme, nos contemporains attendent autre chose que des prises de position au coup par coup : les évêques de France ont déjà rappelé avec la plus grande clarté les fondements du politique, et j’ai assez d’estime pour mes compatriotes pour les croire capables de comprendre le message.

 

 

 

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