Le voleur de Bagdad - — Diocèse de Blois

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Le voleur de Bagdad -

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Chronique du 26 janvier 2018

LE VOLEUR DE BAGDAD

Les enfants aiment beaucoup l’histoire du voleur de Bagdad : vous savez, ce voleur très malin qui, au lieu de fracturer tout bonnement la porte du trésor du calife, choisit de gagner sa confiance. Pendant de longues années, il se fait bien voir par une conduite irréprochable, à telle enseigne que le calife finit par en faire son bras droit, et qu’un beau jour il lui confie les clefs de son trésor.

Enfin, le voleur a ce qu’il voulait : les richesses du calife sont à lui ! Le voilà qui se glisse jusqu’à la porte soigneusement verrouillée, qui tourne avec précaution la clef dans la serrure et qui ouvre la porte. Devant ses yeux s’étalent couronnes, joyaux, or, argent, pierreries : une profusion inouïe ! Le voleur de Bagdad tend la main pour s’en saisir…

Mais à ce moment, l’incroyable se produit. La main du voleur s’arrête, comme paralysée par une force invisible ! Notre voleur se découvre incapable de s’emparer du trésor : à force de faire semblant pendant des années, il est devenu honnête !

Le calife, c’est le monde, et le voleur, c’est nous. Mais on ne cherche pas impunément la faveur du monde. À force de faire semblant, le voleur devient honnête ; et nous, à force de compromissions pour nous faire bien voir, nous finissons par adopter les manières de penser et d’agir du monde. De temps en temps un signal s’allume : quelqu’un fait un faux pas et se trahit, se mettant par exemple à qualifier l’avortement de « droit fondamental », parce que, sans même s’en apercevoir, il a complètement fait sienne la pensée du monde sur le sujet. On trouve cela scandaleux, et puis on se rendort, et on oublie même que dans la société civile (sauf peut-être à la SNCF), quand un chef a fait une grosse bourde, il a la décence de donner sa démission.

Je connais une personne qui est une grande priante et qui m’écrivait hier : « je n’ai pas peur pour l’Église, mais j’ai peur pour le monde ». C’est exactement ce que je ressens. Nous n’avons aucune raison d’avoir peur pour l’Église, ce n’est pas l’Église qui est importante : ce qui est important, c’est le salut du monde, et l’Église n’existe que dans ce but. Nous ne défendons pas un club où tout le monde doit bien se tenir : nous existons pour que la Parole du Christ puisse continuer à retentir dans le monde. Mais n’oublions pas l’histoire du voleur de Bagdad.