L'accueil des migrants en crise — Diocèse de Blois

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L'accueil des migrants en crise

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Chronique du 15 juin 2018

L’ACCUEIL DES MIGRANTS EN CRISE

L’Europe est en pleine confusion sur la question de l’accueil des migrants. Les accusations réciproques entre la France et l’Italie ne se font même plus dans un langage diplomatique. Le gouvernement allemand est profondément divisé, et la chancelière risque d’y perdre son poste : bref, les choses n’ont jamais été aussi mal entre les pays et entre les partenaires de gouvernement d’un même pays.

Mais comme souvent, le pire n’est pas dans les événements eux-mêmes, mais dans les commentaires qui en sont faits. Pour le dire en un mot, on voudrait nous faire croire que le fond du problème est l’affrontement entre d’un côté les « méchants » populistes et les électeurs inconscients qui les ont portés au pouvoir, et de l’autre côté les « gentils » libéraux partisans de l’accueil, du métissage et de l’entente entre les peuples.

À mon sens, la problématique se situe à un niveau un peu plus complexe. Elle englobe dans une même impuissance les partisans du repli sur soi comme ceux de l’ouverture tous azimuts. Il y a une première évidence à ne jamais oublier : les déplacements de populations sont un phénomène majeur de notre siècle. Ils ne s’arrêteront pas, et même iront sans cesse en s’amplifiant, pour quantité de raisons que tout le monde connaît : il est donc vain de vouloir les résoudre par des mesures circonstancielles, qu’elles soient restrictives ou libérales. Mais il y a un deuxième point, le plus important de tous. Il nous appartient à tous de nous interroger sur ce que nous voulons construire ensemble. Sans un objectif commun qui soit à même de fédérer les enthousiasmes, sans un rapport à l’histoire qui voie dans le passé un terreau nourricier pour bâtir l’avenir, la notion d’« identité inclusive » invoquée par les chantres de l’accueil et pourfendue par leurs adversaires risque de n’être qu’incantatoire.

Malheureusement, il s’agit là d’un domaine où le discours de tous les gouvernants, de droite comme de gauche, est singulièrement inconsistant. Et si c’était à nous, chrétiens, qu’il revenait de rappeler aux « méchants » populistes comme aux « gentils » libéraux que l’humanité a autant besoin de raisons d’exister que de moyens de subsister ?