Les années en huit — Diocèse de Blois

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Les années en huit

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Chronique du 8 juin 2018

LES ANNÉES EN HUIT

On a fait beaucoup de bruit cette année autour de l’anniversaire de mai 68. Il ne faudrait pas cependant qu’il en éclipse d’autres, plus importants peut-être dans l’histoire récente de l’humanité.

On a fait écho abondamment au 70e anniversaire de la création de l’État d’Israël – anniversaire de la « guerre d’indépendance » pour les uns, de la « catastrophe » avec son cortège de sang et de larmes pour les autres. D’autres « années en huit » ont connu des événements marquants : 1958, c’était en France le putsch des généraux à Alger, qui faillit faire tomber la République et qui provoqua le retour au pouvoir du général de Gaulle.

Ce qui est particulièrement impressionnant dans les « années en huit » du siècle dernier, ce sont les violences exercées contre la paix et contre les artisans de paix. Le 30 janvier 1948, un fanatique hindou assassinait Gandhi ; le 4 avril 1968, Martin Luther King tombait sous les balles, sans qu’on soit assuré aujourd’hui encore de l’identité du meurtrier ; le 9 mai 1978, on retrouvait dans une rue de Rome le corps sans vie d’Aldo Moro, assassiné par les Brigades Rouges, et le 6 août de la même année Paul VI mourait à son tour, brisé par cet horrible meurtre que, malgré tous ses efforts, il n’avait pu empêcher.

Il y a quelques mois, en conclusion d’un voyage en Inde, j’ai pu méditer un long moment devant la tombe de Gandhi. Tout naturellement, ce sont les Béatitudes qui sont venues sur mes lèvres, et en particulier celle des artisans de paix (Matthieu 5, 9) : « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». Gandhi, qui n’était pas chrétien mais qui avait lu les Évangiles, disait que les Béatitudes étaient le texte qui l’avait le plus impressionné. Sans référence au Christ, il les a vécues dans sa vie et jusque dans sa mort.

Les artisans de paix, en prenant le contrepied de la violence, ne se font guère d’illusions sur les risques qu’ils courent. « Comme tout le monde, j’aimerais vivre une longue vie », disait Martin Luther King la veille de son assassinat. « La longévité est importante, mais je veux juste accomplir la volonté de Dieu. » Et, faisant allusion à la mort de Moïse, il ajoutait : « Dieu m’a autorisé à grimper sur la montagne. Et j’ai regardé autour de moi, et j’ai vu la terre promise. Je n’irai peut-être pas là-bas avec vous… Mais je veux que vous sachiez ce soir que nous, comme peuple, atteindrons la terre promise… Je n’ai peur d’aucun homme : mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur. »

Quels artisans de paix mettront leur vie dans la balance avant la fin de cette année ? Quelles vies seront offertes avec générosité pour que l’humanité atteigne un jour la terre promise ?