16 Septembre 2018 — Paroisse Blois Rive Droite

16 Septembre 2018

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24° Dimanche du temps ordinaire, Année B

I. Deux logiques…

St Pierre répond : « tu es le messie ». Ce mot est fort, plus fort que « prophète » encore utilisé par les musulmans…

Cette belle réponse lui vaut un compliment dans saint Matthieu : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est : pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. » (Mt 16, 17). Ce qui veut dire que St Pierre ne s’est pas appuyé sur un raisonnement humain pour comprendre que Jésus est le messie, mais sur une inspiration divine[1].

Pourtant, dans la suite, Pierre refuse la souffrance du Messie, et alors cela lui vaut une réprimande : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mc 8, 33).

L’argument est le même, mais renversé : là, tu t’appuies sur un raisonnement humain, et non sur Dieu…

 

II. Un exemple

Hier soir, à un mariage, un homme me dit qu’il ne peut pas croire en la résurrection, mais il croit à la permanence de la conscience… Là aussi, deux logiques sont concurrentes :

La sienne s’appuie sur une philosophie païenne même inconsciente, où l’âme est prisonnière d’un corps. Dualisme concurrent platonicien…
Le Bible, où l’homme est d’abord une unité personnelle, vue sous l’angle de corps, âme, esprit, voire plus…

Sortez la « permanence de la conscience » de son contexte païen, pour l’inclure dans l’anthropologie biblique, et alors vous retrouvez la foi en la résurrection de la chair. Cet homme s’appuie sur un raisonnement humain sans appui biblique. « La folie de Dieu est plus sage que la sagesse des savants »… Nous avons à entrer dans cette démarche, d’écoute de la Parole de Dieu. Tous, nous sommes chercheurs de Dieu, même ceux qui se prétendent athées. La recherche de la vérité se fait à l’école de la Bible.

 

III. Les sages et les petits.

Est-ce difficile d’entrer dans un tel raisonnement ? On pourrait le croire, et alors la foi serait faite pour ceux qui réfléchissent, uniquement pour les intellectuels de haut vol.

Pourtant non. Car Jésus nous éclaire : « Père, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux plus petits » (Mt 11, 25). C’est là la voie vers Dieu. Non pas ‘petits’ en étant idiots et sans réflexion, mais ‘petits’ en disant à Dieu qu’il est notre Père. Confiance ! La voie de la sagesse n’est pas celle de ceux qui prétendent tout savoir, mais celle de ceux qui savent qu’ils ne connaissent pas tout. Et plus que cela, cette voie est celle des petits, c'est-à-dire ceux qui mettent d’abord l’amour, la générosité en premier dans leur vie. C’est par cette voie, et non celle de la gnose, que Dieu veut se révéler, car cette voie correspond bien à la définition de Dieu : « Dieu est amour ».

C’est donc un chemin pour tous, et non pour quelques initiés.

Amen !

S.N.

Notes

[1] Saint Ambroise : Commentaire de Saint Luc 9, 18-26 : « Croyez donc de la manière dont Pierre a cru, afin d'être heureux vous aussi, pour mériter d'entendre vous aussi : « car ce n'est pas la chair et le sang qui te l'a révélé, mais mon Père qui est aux cieux ». En effet la chair et le sang ne peuvent révéler que le terrestre ; par contre, celui qui parle des mystères en esprit ne s'appuie pas sur l'enseignement de la chair et du sang, mais sur l'inspiration divine. Ne vous reposez donc pas sur la chair et le sang, de peur de prendre les ordres de la chair et du sang, et de devenir vous-même sang et chair. Car qui s'attache à la chair, est chair, et « qui s'attache à Dieu est un seul esprit » (avec Lui) (I Cor., VI, 17). « Mon esprit, dit-II, ne demeurera jamais plus avec ces hommes, parce qu'ils sont charnels » (Gen., VI, 3). Mais plaise à Dieu que ceux qui écoutent ne soient pas chair et sang, mais qu'étranger aux convoitises de la chair et du sang chacun puisse dire : Je ne craindrai pas ce que courrait me faire la chair (Ps. 55, 5) ! Qui a vaincu la chair est un fondement de l'Église, et, s'il ne peut égaler Pierre, il peut l'imiter. Car les dons de Dieu sont grands : non seulement II a restauré ce qui avait été nôtre, mais encore II nous a concédé ce qui Lui est propre ».