9 Septembre 2018 — Paroisse Blois Rive Droite

9 Septembre 2018

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23° dimanche du temps ordinaire, Année B

I. Effétah !

Jésus prononce cette parole en araméen pour guérir un sourd-muet. Vous savez que ce mot est passé tel quel dans la liturgie baptismale. Le rite est facultatif. Pour les enfants, le prêtre dit, après avoir signé les oreilles et la bouche du bébé :

Le Seigneur Jésus a fait entendre les sourds et parler les muets,
qu’il te donne d’écouter sa parole, et de proclamer la foi
pour la louange et la gloire de Dieu le Père.

 

Avant Vatican II, Ce geste venait à la fin de nombreuses prières d’exorcisme où on commande au diable de quitter les lieux pour laisser sa place à l’Esprit Saint. Le geste de l’Effétah est un point d’orgue à cet exorcisme.

Ce mot a été gardé tel quel par Marc qui écrit en grec pour des romains. C’est que ce mot était déjà utilisé par les premiers chrétiens, et les catéchumènes devaient savoir que ce qu’ils vivent vient directement de ce qu’a fait Jésus pour ce sourd muet. Ce mot est comme une pierre précieuse qu’il faut conserver intacte.

 

II. Enquête sur Effétah

D’où vient ce geste ?

Jésus utilise ce geste tout à fait inhabituel de prendre de la salive et de toucher les oreilles et la bouche du sourd-bègue. Tout à fait inhabituel, car ce n’est pas dans la culture juive, nulle part dans la Bible. Mais il est probable que ces gestes soient païens. Ce sourd-bègue lui-même est un païen, habitant la région de Tyr et de Sidon, en dehors de la terre d’Israël. L’étrangeté du geste est renforcé par l’emploi d’un mot araméen, Effatah, incompréhensible pour les lecteurs de St Marc qui sont des romains et qui ne comprennent pas un mot d’araméen, à tel point que St Marc prend la peine de le traduire. Jésus respecte cet infirme en lui parlant dans sa culture païenne.

Mais Jésus n’en reste pas là. Il judaïse cette culture, en parlant justement araméen. Il introduit cet homme dans le peuple d’Israël ?

Et ce n’est pas tout, car la suite est typiquement chrétienne. Vous avez remarqué l’allusion évidente à la Sainte Trinité :

Puis, les yeux levés au ciel, …

Jésus s’adresse à Dieu son Père. « Notre Père qui es aux cieux »…

…il soupira et lui dit Effatah.

Soupirer, c’est marquer l’action de l’Esprit Saint. Le souffle, pneuma, c’est l’Esprit. Ainsi donc, la guérison de ce sourd-muet est l’œuvre de la Trinité Sainte.

Ce sourd-muet d’origine païenne comme nous est le modèle des baptisés, notre modèle. Et sa guérison est exemplaire.

À quoi sert-il au sourd muet de retrouver l’usage de la parole ? Tout de suite après, Jésus lui demande de garder le silence. Mais lui et ceux qui l’entourent ne peuvent garder ce secret pour eux. Ils disent : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets ». C’est une parole de louange. La louange est le fruit de la vie chrétienne.

 

III. « Que ma bouche chante sa louange ».

Je ne sais pas quel sage antique a dit que si Dieu nous a donné deux oreilles et une seule bouche, c’est pour que nous écoutions deux fois avant de parler. Et cette parole est une parole droite (élalei orthôs, cf. Dt 5, 28 ; 18, 17 ; et Nb 27, 7). Si nous n’écoutons pas Dieu, alors nous parlons de nous, et notre parole est un bavardage. Mais si nous écoutons Dieu, il met dans notre bouche sa propre parole. Vous savez qu’un autre nom de la messe, l’eucharistie, est « sacrifice de louange ». Et la création toute entière chante la louange du Seigneur. Pour nous, ce n’est pas évident. Il faut toute la force de l’Esprit Saint pour nous ouvrir la bouche, et les oreilles, pour nous éduquer patiemment au travail de louange.

« Jusqu’aux cieux ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout petits » dit le psaume. Alors, que notre bouche, et celle des petits Marceau, Lya et Simon qui vont être baptisé après la messe, chantent sa louange ! Amen !

S.N.