Réflexions sur un impossible débat — Diocèse de Blois

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Réflexions sur un impossible débat

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CHRONIQUE RCF BLOIS 2 DÉCEMBRE 2022


Je suis sûr que beaucoup de nos concitoyens, souhaiteraient un vrai débat sur la
question de l’avortement. Mais ce débat s’avère impossible à cause de l’hystérisation
qui règne autour de ce sujet. La pression exercée sur les sénateurs pour qu’ils
capitulent sur l’inscription du droit à l’avortement dans la constitution en est
aujourd’hui un signe inquiétant.
Un premier moyen de dépassionner est de rappeler les données historiques.
Contrairement à ce qu’on laisse croire, la loi Veil de 1975 n’instaurait pas un nouveau
droit : elle décidait une dépénalisation. « Dépénaliser » signifie renoncer à sanctionner
un délit. Cela veut dire que la loi Veil, à bien des égards si critiquable, ne remettait pas
en question le fait que l’avortement n’est pas un acte qui n’engage que le droit
individuel dont chacun dispose sur son propre corps, mais reste un acte irréversible sur
le corps et sur la vie d’autrui.
À la base de la demande que l’avortement soit considéré comme un droit, il y a
l’affirmation résumée dans un slogan fameux : « mon corps m’appartient ». C’est
précisément ce slogan qui devrait pouvoir faire l’objet d’un débat serein et
responsable. En effet dans la question de l’avortement il ne s’agit pas de « mon
corps », mais du corps d’un autre, et c’est là toute la différence. Autant le suicide ou la
réassignation sexuelle, quoi qu’on en pense par ailleurs, peuvent être revendiqués par
leurs partisans comme des droits individuels, autant ce genre d’argument est
impossible pour l’avortement. Sauf à ne plus savoir de quoi on parle et à considérer
l’enfant à naître comme un « amas de cellules », au mépris des données de la science
la plus récente.
Ce ne sont donc pas ceux qui demandent un débat de fond qui sont les témoins d’une
pensée archaïque (à part ceux qui en font une arme politique au service d’autres
desseins plus scabreux). Ceux qui relèvent d’un mode de pensée archaïque sont ceux
qui s’arc-boutent sur des mots d’ordre faisant fi des données de la science
contemporaine. Au Moyen Âge, saint Thomas d’Aquin pouvait encore considérer que
le fœtus n’était un être humain qu’à partir d’un certain stade de la grossesse parce que
la science de son temps était encore dans l’enfance. Aujourd’hui il n’est plus possible
de dire cela : un ovule fécondé contient en germe tout ce qui constituera la personne à
venir, et on lui doit donc le même respect qu’à toute personne.
Ce que je viens de dire n’enlève rien au drame que vivent des femmes souvent très
jeunes et laissées seules par leur compagnon devant une grossesse non désirée. Et on
peut m’objecter qu’il est facile à un homme de parler en leur nom. Mais tout être
humain, homme ou femme, a le droit de savoir et le devoir de dire ce qu’est un acte de
mort. L’enjeu n’est rien de moins que notre commune humanité.
 

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