Chronique du 16 décembre 2016 — Diocèse de Blois

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Chronique du 16 décembre 2016

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DES ANIMAUX PAS SI BÊTES

L’attention nouvelle portée aux animaux depuis quelques années impressionne.
Il y a des raisons historiques à cela. Ce siècle d’horreur que fut le vingtième siècle n’a pas hésité à traiter les hommes comme du bétail. Les victimes des bourreaux nazis, dépouillées de leur nom, étaient tatouées d’un numéro comme des porcs dans une porcherie : il n’est pas étonnant qu’on en soit venu à se demander s’il était légitime d’en user ainsi avec les animaux eux-mêmes, et s’il n’y avait pas un lien inavoué entre les cruautés qu’on leur faisait subir et celles que des hommes exercent envers d’autres hommes.
D’autant que la logique productiviste a conduit de plus en plus à considérer l’élevage comme une industrie, et les animaux comme des machines : machines à produire du lait, de la viande, d’autres animaux, à des cadences de plus en plus insensées. « En regardant le monde, écrit le Pape François, nous remarquons que ce niveau [industriel] d’intervention humaine, fréquemment au service des finances et du consumérisme, fait que la terre où nous vivons devient en réalité moins riche et moins belle, toujours plus limitée et plus grise, tandis qu’en même temps le développement de la technologie et des offres de consommation continue de progresser sans limite » (Laudato sì, 34).

Certes, l’hypersensibilité de certains de nos contemporains envers la condition animale n’est pas sans ambiguïtés. Elle conduit parfois à des prises de position sectaires, comme de militer pour l’interdiction absolue de la nourriture carnée. Elle témoigne surtout d’un désarroi métaphysique de l’humanité, qui ne parvient plus à situer sa place dans l’univers.

La foi chrétienne occupe une position paradoxale, à laquelle elle ne renoncera jamais. D’une  part elle affirme la place centrale de l’homme dans l’univers, parce que Dieu s’est fait homme, et donc ni ange ni bête, et parce que l’homme seul est appelé à partager la vie de Dieu. Mais d’autre part, elle nous appelle à respecter la création dont nous sommes un élément et où Dieu a voulu que tout soit solidaire : dans le Christ, « les créatures de ce monde ne se présentent plus à nous comme une réalité purement naturelle, parce que le Ressuscité les enveloppe mystérieusement et les oriente vers un destin de plénitude » (Laudato sì, 100).

 

 

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