N’y a-t-il vraiment rien au-dessus de la loi ? — Diocèse de Blois

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N’y a-t-il vraiment rien au-dessus de la loi ?

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Chronique du vendredi 15 octobre 2021

C’était à l’époque où existait encore le service militaire. Des hommes appelés sous les drapeaux refusaient de porter les armes. À ceux qui leur disaient qu’ils n’en avaient pas le droit, que c’était une obligation légale, ils répondaient que leur conscience les empêchait de le faire. Pour cette raison, on les a appelés « objecteurs de conscience ». Très en retard sur d’autres pays, la France a attendu le 21 décembre 1963, après la fin de la guerre d’Algérie, pour leur reconnaître le droit qu’ils revendiquaient.

La République a donc admis, dans ce cas précis, qu’il y avait quelque chose au-dessus de la loi, et que la conscience pouvait faire considérer le refus de tuer comme un absolu. Mais ce cas n’est pas le seul : la loi Veil dépénalisant l’avortement prévoyait en 1975 la possibilité de l’objection de conscience, et personne n’a encore osé la retirer de la loi, même si cette possibilité est constamment bafouée en pratique.

 

L’affirmation qu’il n’y a rien au-dessus de la loi est une affirmation totalitaire. En effet, elle subordonne la conscience aux décisions du législateur. Si on avait réussi à en persuader toute la population allemande en 1935, aucune objection n’aurait été possible aux lois dites de Nuremberg qui gravaient dans le marbre la politique antisémite du régime nazi. Heureusement, même si la grande majorité du peuple allemand a subi passivement ces lois, plus par peur que par endoctrinement, des voix, la plupart chrétiennes, se sont élevées pour les dénoncer, avec tous les risques que cela comportait. Au nom de la conscience.

 

La conscience a-t-elle quelque chose à voir avec le secret de la confession ? Certainement. Un confesseur, qui est par définition un croyant, estime en conscience que ce qui lui est dit s’adresse à Dieu et non à lui. Le pénitent qui se confesse le sait, et peut avoir la certitude que ce qu’il dit ne sera jamais divulgué. Le secret de la confession n’a de sens que s’il est absolu. Du reste, le simple bon sens permet de dire que s’il était si peu que ce soit relativisé, ceux qui auraient à avouer des fautes que le confesseur serait tenu de révéler renonceraient de toute évidence à recourir à ce sacrement.

 

Cela signifie-t-il alors que le confesseur n’a aucune prise sur le pénitent pour l’amener à se dénoncer ? C’est tout le contraire qui est vrai : le pénitent, plus ou moins confusément, sait que Dieu lui-même lui parle par le moyen du confesseur. Rien n’est gagné, certes. Mais si on lui dit d’aller se dénoncer, il saura qu’il doit le faire. En conscience.

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