Contraints de fuir comme Jésus-Christ — Diocèse de Blois

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Contraints de fuir comme Jésus-Christ

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Chronique du 25 septembre 2020

« Contraints de fuir comme Jésus-Christ », c’est le titre que le Pape François a voulu donner à la 106e journée mondiale du migrant et du réfugié qui sera célébrée ce dimanche. « Lors de la fuite en Égypte », dit le Pape, « l’Enfant Jésus fait l’expérience, avec ses parents, de la condition tragique de personne déplacée et de réfugié », et « de nos jours, hélas, des millions de familles peuvent se reconnaître dans cette triste réalité ». Leur condition peut prendre des formes particulièrement tragiques et inhumaines, comme le montre la situation des réfugiés de l’île de Lesbos après l’incendie qui a détruit la totalité de leur camp. « Sur leurs visages, nous sommes appelés à reconnaître le visage du Christ affamé, assoiffé, nu, malade, étranger et prisonnier, qui nous interpelle », poursuit le Pape en citant le chapitre 25 de saint Matthieu. Nous n’avons pas le droit de rester indifférents, car c’est le Seigneur lui-même qui se manifeste à nous à travers eux, même si nos yeux peinent à le reconnaître.

Les migrants ne sont pas des envahisseurs comme on le pense parfois sans trop oser le dire ouvertement : ce sont des hommes et des femmes « contraints de fuir ». Contraints de fuir comme nous l’étions, nous Français, en 1940 devant l’envahisseur nazi. Contraints de fuir comme le sont les populations persécutées ou victimes de la guerre, en tant d’endroits du monde. Si bien qu’on pourrait ajouter une parole à la longue litanie des situations extrêmes mentionnées dans la parabole du Jugement dernier : « j’étais migrant et tu as fait comme si j’étais un gêneur ; j’étais migrant et tu ne t’es pas senti concerné, alors que tu es toi-même étranger et voyageur sur la terre. »

À partir de cette conviction, le Pape nous indique cinq attitudes : « connaître pour comprendre », car nous avons le devoir de nous informer des situations qui contraignent les personnes à quitter leur maison et leur pays ; « se faire le prochain pour servir », car nous avons le devoir de nous approcher des situations de détresse et de ne pas nous en tenir à les regarder de l’extérieur ; « écouter » les personnes qui vivent ces situations et « partager » avec elles ; et enfin « impliquer pour promouvoir ». Le Pape prend ici l’exemple de la Samaritaine, que Jésus transforme en « annonciatrice de la bonne nouvelle » après sa rencontre avec elle. Il n’y a pas de vrai service des autres s’ils ne sont pas rendus acteurs de leur relèvement en étant appelés à y coopérer : ce qui nous est demandé, ce n’est pas de rester dans l’assistanat, mais d’aider chacun à redécouvrir sa propre dignité et le prix qu’il a aux yeux du Seigneur.

C’est alors que nous pouvons découvrir ce que les migrants, comme tous les pauvres, nous apportent à travers les questions qu’ils nous posent : « il faut avoir été brisé dans sa suffisance, blessé dans son être, écrivait jadis Louis Lochet, pour donner prise à la grâce qui nous révèle notre vraie pauvreté et nous donne accès au Père des pauvres et à la fraternité universelle… La fraternité évangélique, c’est celle de gens ensemble perdus et ensemble sauvés, dans un si grand désastre et dans un si grand salut que rien ne compte plus désormais en comparaison de la perdition où ils allaient et de la grâce qu’ils ont reçue[1]. » C’est ainsi que la détresse partagée peut devenir la source de la fraternité la plus grande.

 

 

[1] Louis Lochet, Vers une Église renouvelée, Salvator 2020, p. 110-111.

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