Ne pas confondre la bêtise et la haine — Diocèse de Blois

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Ne pas confondre la bêtise et la haine

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Chronique du 12 juin 2020

Comme un certain nombre d’entre vous sans doute, j’ai essayé d’écouter sur le site d’Arte les propos racistes de policiers capturés par un de leurs collègues. Ces échanges d’une vulgarité et d’une sottise sans nom sont le fait de gens qui croyaient pouvoir les tenir en toute impunité, grâce aux pseudonymes dont ils s’étaient pourvus par précaution.

Des individus aussi frustes peuvent-ils être accusés de haine ? Je n’en suis pas si sûr. La haine est, d’une certaine façon, trop grande pour eux. Pour éprouver de la haine, il faut avoir des raisons de haïr. Mais là, on est tellement en-deçà de toute rationalité qu’on est même en-deçà de la haine, dans ces bas-fonds de l’humanité où la soif d’humilier l’autre se rapproche du comportement de la horde – comme dans le fameux « quart d’heure de la haine » dont parle George Orwell dans son roman 1984.

C’est pourquoi je n’ai jamais été très à l’aise avec l’expression « incitation à la haine raciale », que je trouve fallacieuse parce qu’elle regroupe sous un unique vocable des sentiments et des attitudes qui appelleraient plus de nuances. Selon Wikipedia, inciter à la haine consiste à « pousser des tiers à manifester de la haine, de la violence ou de la discrimination à l'encontre de certaines personnes, en raison de leur religion, de leur origine nationale ou ethnique. » On explique donc qu’inciter à la haine, c’est inciter à la manifester. Mais qu’en est-il si elle reste cachée au fond du cœur sans se manifester ? Cela est-il préférable ? Et surtout, si l’on cherche une définition de la haine, on reste sur sa faim.

Ce qui est sûr en tout cas, c’est que la manifestation de la haine n’appelle que la sanction, alors que la bêtise appelle une éducation. Il ne faudrait donc pas se tromper d’objectif : si l’on veut changer les mentalités, c’est l’éducation qui en est capable, jamais la répression même si elle est nécessaire. Cela vaut pour toutes les attitudes extrêmes. Sachons nous en souvenir.

Et rappelons-nous aussi que nous sommes un peuple versatile, qui acclame les policiers quand ils volent au secours des victimes du terrorisme, et qui le lendemain les conspue parce qu’une infime minorité d’entre eux a des comportements inadmissibles. En toutes choses, sachons raison garder et essayons de favoriser une réflexion de fond.

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