La diversité tu respecteras ? — Diocèse de Blois

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La diversité tu respecteras ?

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Chronique du 17 janvier 2020

Avec les conflits sociaux qui déchirent la France en ce moment, un anniversaire est passé un peu inaperçu, le cinquième anniversaire des attentats contre Charlie Hebdo et contre l’Hyper casher.

Ces attentats ignobles m’avaient d’autant plus marqué que j’arrivais tout juste à Blois et que le dimanche 11 janvier 2015, jour du grand rassemblement de Paris et d’autres lieux en France, était aussi le jour de mon installation dans ma cathédrale.

Le matin de ce même jour, avec mon prédécesseur Mgr de Germiny, je m’étais rendu à la préfecture pour prendre part au moment de recueillement qui réunissait de nombreux élus et citoyens du Loir-et-Cher. Dans la gravité de l’heure, c’était un grand moment de communion dans un même refus de la barbarie et une même défense de la liberté.

La défense de la liberté, pour moi, allait bien au-delà du soutien à Charlie Hebdo, même si elle passait par la solidarité avec les journalistes et dessinateurs victimes de la terreur fanatique, quels qu’ils soient et quels que soient mes désaccords avec eux. J’admettais donc, sans m’y rallier, le slogan « je suis Charlie ». En revanche, dès le lendemain de ce jour mémorable, j’étais heurté en voyant un énorme « nous sommes tous Charlie » apposé sur les marches de l’escalier Denis Papin. J’ai vécu comme une véritable agression ce passage du « je » au « nous » avec l’ajout du mot « tous » : on avait l’impression que si l’on osait être contre le terrorisme sans être en même temps « Charlie », on était exclu du monde civilisé, voire rejeté du côté des barbares.

Mon scandale n’en est pas resté là. Il redouble aujourd’hui, où domine l’impression qu’aucune leçon durable de ce drame n’a été tirée dans notre pays. Au stupide et agressif « nous sommes tous Charlie » semble avoir succédé un pesant silence, et au régime républicain un régime diversitaire de plus en plus fondé sur le politiquement correct. Notre pays apparaît de plus en plus comme la juxtaposition de groupes qui se referment sur eux-mêmes – des groupes qui, selon la formule de Gérard Collomb, sont pour le moment côte à côte en attendant le jour où ils seront face à face.

Notre pays mérite mieux que la substitution au commandement « la liberté tu défendras » d’un commandement nouveau qui pourrait se formuler « la diversité tu respecteras ». Il mérite un grand dessein collectif et généreux capable de mobiliser le meilleur de ses énergies. Qui donc le lui proposera ?

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