Une démocratie mal en point — Diocèse de Blois

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Une démocratie mal en point

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Chronique du 13 novembre 2020

L’élection du nouveau président des États-Unis est riche d’enseignements pour nous tous. Depuis le début du siècle en effet, nous voyons apparaître en de nombreux pays des démocraties dites « illibérales » avec à leur tête des dirigeants populistes. Et quoi que nous puissions en penser, il apparaît de plus en plus que ces dirigeants sont en phase avec toute une partie de la population de ces pays, qui se sentait jusque-là méprisée et incomprise.

Il faut être conscients que la défaite de Donald Trump ne guérit aucune des fractures qui divisent la société américaine. C’est ce qui explique que le comportement de ce nouveau roi Ubu n’ait pas soulevé contre lui le raz de marée prédit par les sondages et salué à l’avance par les médias. Un commentateur avouait la semaine dernière : « aux États-Unis, les démocrates sont en décalage ». En décalage avec qui, avec quoi ? Il faudra prendre le temps d’examiner de près cette question.

Le populisme est indigne du peuple, parce que le peuple vaut beaucoup mieux que ceux qui, sous prétexte de répondre à ses aspirations, le déshonorent en l’instrumentalisant. Mais il vaut beaucoup mieux aussi que ceux qui le méprisent et n’aspirent qu’à le contourner pour promouvoir leurs objectifs idéologiques et leurs intérêts communautaristes. Il est à craindre que les délires sociétaux des élites et les égarements du peuple, prêt dans son désespoir à accorder crédit aux mensonges du premier démagogue venu, ne grandissent à proportion l’un de l’autre. L’éloignement, alors, devient inéluctable. C’est ce qu’a dénoncé Marcel Gauchet en ces termes : « La post-vérité [démagogique] est le rejeton adultérin du politiquement correct. Ses énormités transgressives ne se conçoivent qu’en réaction aux euphémismes lénifiants et aux interdits sournois dictés par le moralisme officiel. La censure insidieuse des aspects de la réalité sur lesquels la bienséance commande de jeter le voile ouvre la porte à leur amplification effrontée. »

 

À cet égard, les États-Unis n’ont rien résolu de leurs contradictions : avec leurs Républicains piteusement enlisés dans les outrances du trumpisme et leurs Démocrates favoris des médias mais toujours « en décalage » avec le peuple, ils sont aussi un laboratoire qui anticipe peut-être nos propres déchirements dans les années à venir.

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