Mêmes causes, mêmes effets — Diocèse de Blois

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Mêmes causes, mêmes effets

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Chronique du 23 octobre 2020

L’horreur que nous inspirent l’assassinat de Samuel Paty et le mode opératoire de l’assassin risque fort d’être sans lendemain si nous oublions que nous sommes dans une loi des séries, où ce qui s’est produit se reproduira, les mêmes causes continuant à engendrer les mêmes effets, en obéissant simplement à une logique de surenchère qui augmentera la gravité des faits mais n’en changera pas la nature. Il faut se garder de croire que le seul fait de dire « je suis prof », comme on disait il y a cinq ans « je suis Charlie », ajouté aux rodomontades des politiques, possède une sorte de vertu exorcisante pour empêcher que la barbarie se reproduise. Tout cela procède de l’autosuggestion collective ; c’est hélas trop simple et lénifiant pour être vrai.

Pour empêcher que la barbarie se reproduise, il faut d’abord en identifier les causes. Les ayant identifiées, il faut les nommer. Et les ayant nommées, il faut les combattre. Je ne suis pas sûr qu’on les identifie ; je suis encore moins sûr qu’on ose les nommer ; et par conséquent, je suis malheureusement à peu près certain qu’on ne se donne pas vraiment les moyens de les combattre.

Les causes ne sont pas identifiées. Le terme « séparatisme » n’est de toute évidence qu’une nouvelle manière d’esquiver le problème : les terroristes ne veulent pas se séparer, ils veulent le pouvoir, un pouvoir absolu et mondial. Elles ne sont pas non plus nommées, puisqu’on invente des mots-paravents pour ne pas appeler l’ennemi par son nom. Et la conséquence est qu’on se condamne sciemment à l’inefficacité. François-Xavier Bellamy, à qui j’emprunte quelques-unes de ces réflexions, relève l’annonce du ministre de l’intérieur qu’il va « expulser 231 étrangers expulsables ». Mais s’ils sont expulsables, pourquoi a-t-on attendu ce drame pour les expulser ?

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » a dit Camus. Il y a 25 siècles, Platon disait déjà la même chose : « La perversion de la cité commence par la fraude des mots. » Ce serait à méditer d’urgence par tous nos politiques.

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