Pierre suivait de loin — Diocèse de Blois

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Diocèse de Blois

Pierre suivait de loin

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Chronique du 15 mars 2019.

Quand j’étais enfant, il m’arrivait de m’étonner silencieusement à la messe de nous voir tous assis sur nos chaises, attentifs à bien nous tenir (à cette époque les enfants ne bougeaient pas pendant la messe) et regardant en face de nous comme au spectacle ce qui se passait dans le chœur de l’église. On m’expliquait pourtant que Jésus était sur la croix, et au moment de la consécration ma grand-mère me disait que Jésus était en train de « descendre ». Je regardais à la dérobée pour le voir descendre, mais surtout j’aurais voulu courir le décrocher de la croix, et quand il venait sur l’autel j’aurais voulu aller l’embrasser. Mais il fallait se tenir tranquille sans bouger de sa chaise.

Plus tard, j’ai su qu’il n’en était pas ainsi dans toutes les églises chrétiennes : souvent, nos frères d’Orient n’ont pas de chaises dans leurs églises: ils se déplacent, ils processionnent avec le prêtre, ils vont embrasser les icônes, ils pleurent avec Marie au pied de la croix. Mais nous, occidentaux, nous restons comme extérieurs à ce qui est en train de se passer. Je frémis toujours lorsque dans l’évangile je lis cette parole relative à mon saint patron : « Pierre suivait de loin pour voir le dénouement »(Mt 26 :58). Pierre suivait, mais il suivait de loin…

« Pierre suivait de loin pour voir le dénouement »(Mt 26 :58)

Pierre, justement. Dans une belle méditation sur le Jeudi Saint, François Mauriac nous le montre pleurant amèrement après le chant du coq : il est tout à coup sorti de sa posture de spectateur, il a soudain compris que c’était de lui qu’il était question. Alors il pleure. Et Mauriac ajoute ce cruel commentaire : « Combien de fois le coq a-t-il chanté pour nous, comme il a chanté pour Simon-Pierre ? Et nous ne sommes pas sortis, et nous n’avons pas pleuré amèrement. »

En va-t-il autrement dans la tourmente qui secoue l’Église aujourd’hui ? Comme Pierre qui suivait de loin, pouvons-nous longtemps rester spectateurs ? Pouvons-nous oublier que nous sommes tous concernés ?

Récemment, quelqu’un me disait : « Puisque c’est comme ça, je ne donnerai plus un sou ! » Je lui ai répondu : « Mais qui donc voulez-vous punir? Des prestataires de service qui ne vous ont pas satisfait ? Pensez-vous que priver l’Église de ses moyens d’action soit vraiment la bonne solution ? »

Où sommes-nous tous dans ce qui se passe en ce moment ? Il me semble que notre place n’est pas dans la foule qui regarde ; elle ne peut être ailleurs que sur la croix. Nous ne pouvons rester sur le bord du chemin, compter les points, émettre des jugements péremptoires. Alors, prions et faisons pénitence : le jeûne et la prière, ces grands cadeaux du Carême, sont faits d’abord pour nous unir à Jésus. C’est là qu’est notre place, et nulle part ailleurs.

 

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