Juifs et chrétiens, les difficultés du dialogue — Diocèse de Blois

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Diocèse de Blois

Juifs et chrétiens, les difficultés du dialogue

Add this
Chronique du 12 octobre 2018

JUIFS ET CHRÉTIENS, LES DIFFICULTÉS DU DIALOGUE

Un article du pape émérite Benoît XVI sur les relations entre christianisme et judaïsme a suscité des réactions mitigées de la part d’un certain nombre de juifs. Ces réactions nous rappellent une fois de plus la difficulté d’un vrai dialogue non pollué par les conflits affectifs, en particulier du côté des juifs qui gardent en mémoire les persécutions endurées de la part des chrétiens. À partir de la séparation de l’Église et de la Synagogue, chrétiens et juifs ont poursuivi chacun de son côté leur histoire propre, et il n’est pas étonnant que ces histoires soient entrées en conflit. Les uns et les autres oubliaient finalement que ce que nous appelons « Ancien Testament » n’est la propriété de personne : par rapport à lui nous sommes tous des héritiers.

Dans une interview sur ce sujet, le rabbin Rivon Krygier dit trouver « blessant et réducteur » qu’Israël « apparaisse comme un simple maillon dans une chaîne qui mène inéluctablement au Christ ». Cette réflexion très épidermique m’a fait penser à la généalogie de Jésus dans les évangiles de Matthieu et de Luc. Tous les noms, même les plus grands (pensons à Abraham ou à David) sont égrenés comme les maillons d’une chaîne, mais c’est précisément de là qu’ils tirent leur grandeur. Elle tient en effet à leur décision libre de ne pas interrompre la chaîne, c’est-à-dire d’accomplir en plénitude leur vocation de passeurs. Il n’y a là rien de réducteur, à condition d’avoir bien présent à l’esprit le dynamisme de la Révélation divine, qui interdit de la figer à quelque moment que ce soit.

La divergence de fond ne porterait-elle pas justement sur la question de savoir si nous nous considérons humblement comme les maillons d’une chaîne ou si nous pensons que tout s’accomplit, et donc s’arrête, avec nous ? C’est une réponse fausse à cette question qui a mené, du côté de l’Église, à la théologie dite de la « substitution » selon laquelle l’Église ayant pris la place d’Israël, Israël n’a plus de raison d’être dans le monde. Mais n’existerait-t-il pas un phénomène analogue du côté des juifs, avec l’idée que l’actuel État d’Israël serait l’accomplissement des promesses de Dieu et que l’attente juive serait maintenant comblée ? C’est une question qui, en tout cas, vaut la peine d’être posée, même si elle ne plaît guère à nos amis juifs.

 

 

Navigation