La sainteté pour tous — Diocèse de Blois

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La sainteté pour tous

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Chronique du 13 avril 2018

La sainteté pour tous

« Chaque saint est une mission ; il est un projet du Père pour refléter et incarner, à un moment déterminé de l’histoire, un aspect de l’Évangile. » Cette belle définition de la sainteté se trouve, à côté de beaucoup d’autres perles précieuses, dans le petit écrit lumineux que vient de nous offrir le Pape François, et qui a pour titre La joie et l’allégresse.

À ceux qui pensent qu’il est ringard de parler de la sainteté, je conseille cette lecture dont « l’humble objectif », dit le Pape, n’est pas de rédiger un traité théologique, mais de faire résonner un appel. Oui, un appel : car « le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons "saints et immaculés en sa présence, dans l’amour" (Éphésiens 1, 4) ».

Ces amis de Dieu que sont les saints sont souvent ceux « de la porte d’à côté », ou encore, dit le Pape avec Joseph Malègue (1876-1940), « la classe moyenne de la sainteté » : c’est leur proximité, et non leur éloignement, qui nous les fait ignorer. C’est aussi la simplicité de leur vie choisissant « Dieu sans relâche » qui en fait pour nous des modèles.

Les exemples que prend François ont la saveur de l’expérience vécue : cette dame qui va au marché, qui rencontre une amie médisante et qui se dit « non, je ne dirai du mal de personne » ; cette maman qui écoute « avec patience et affection » le récit des rêves de son enfant, ou qui prend le temps de parler avec un mendiant dans la rue…

Il y a dans cet écrit bien d’autres richesses très diverses : un exposé sur les béatitudes, un autre sur les dérives gnostique et pélagienne qui corrompent la foi et obstruent le chemin de la sainteté. Mais le plus marquant reste pour moi la démonstration tranquille que le Bon Dieu, comme le diable, se trouve caché dans les détails – ces petits détails auxquels Jésus prête, et nous invite à prêter, tant d’attention : « le petit détail du vin qui était en train de manquer lors d’une fête, le petit détail d’une brebis qui manquait, le petit détail de la veuve qui offrait ses deux piécettes, le petit détail d’avoir de l’huile en réserve pour les lampes au cas où tarderait le fiancé, le petit détail de demander à ses disciples de vérifier combien de pains ils avaient, le petit détail d’avoir allumé un feu de braise avec du poisson posé dessus tandis qu’il attendait les disciples à l’aube. »  La communauté des saints apparaît bien comme celle qui apprend de son Seigneur à préserver « les petits détails de l’amour ». Et en vérité, comme l’écrit Léon Bloy, il n’y a qu’une seule tristesse en ce monde : celle de n’être pas des saints.

                                                                 

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