“Il n’y a pas de paix” — Diocèse de Blois

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“Il n’y a pas de paix”

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Chronique de Mgr Batut du 5 janvier 2018.

 

Nous sortons de l’année commémorant Martin Luther. À la fin de ses 95 thèses datées de 1517, Luther s’écriait : « Qu’ils disparaissent donc tous, ces prophètes qui disent au peuple de Christ : "Paix, paix", et il n’y a pas de paix ! Il faut exhorter les chrétiens à s’appliquer à suivre Christ leur chef à travers les peines, la mort et l’enfer, et à entrer au ciel par beaucoup de tribulations, plutôt que de se reposer sur la sécurité d’une fausse paix. »

Par ces paroles, celui qui était encore un moine augustin s’insurgeait contre ce que Dietrich Bonhoeffer, grand penseur protestant victime des nazis, appellerait plus tard la « grâce à bon marché ». Vous savez bien, toutes ces paroles et ces attitudes convenues par lesquelles on se donne facilement bonne conscience, jusqu’à justifier les pires reniements et les pires compromissions.

Il en va de la paix comme de la grâce : la paix à bon marché n’est pas seulement une paix précaire, c’est une paix honteuse, une paix déshonorante. Légitimement, nous espérons tous que l’année qui commence verra la paix progresser dans le monde. Mais nous l’espérons souvent sans trop y croire, et nous avons l’impression que l’exaucement de ce vœu ne dépend pas de nous. Ou pire encore, nous n’espérons rien de mieux qu’une paix à bon marché, où le but semble atteint dès lors qu’on nous laisse tranquilles.

En protestant contre ceux qui disent « "paix, paix !", et il n’y a pas de paix », Martin Luther citait Jérémie (6, 14) et Ézéchiel (13, 10) qui dénonçaient déjà les promesses mensongères des faux prophètes, ces chantres de la paix obtenue sans effort. Jérémie et Ézéchiel, en vrais prophètes, soulignaient au contraire que sans conversion personnelle, il était vain d’espérer la venue d’une paix véritable.

« La paix est une valeur et un devoir universels », nous enseigne l’Église. Elle « n’est pas simplement l’absence de guerre  ni même un équilibre stable entre des forces adverses, mais elle (…) requiert l’édification d’un ordre selon la justice et la charité » (Compendium de la doctrine sociale, 494). Une morale des valeurs risque de n’être qu’incantatoire ; une morale du devoir ne soulève guère d’enthousiasme. La paix est à la fois une valeur et un devoir. Pour le dire autrement, elle est une mission : il s’agit donc de l’accueillir et de s’en montrer digne.

Alors, sans plus tarder, en cette année 2018, mettons-nous tous à l’ouvrage pour bâtir la paix. Celle du Prince de la Paix, qui nous l’a obtenue par le sang de sa Croix.

                                                       

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